FESTIVAL

LATITUDES CONTEMPORAINES

édition 2004

21 au 30 juin 2004


Suite au succès de la première édition du festival et malgré les conditions particulières (mouvement de protestation des intermittents du spectacle) dans lesquelles elle s'est déroulée, nous avons le plaisir de vous présenter sa deuxième édition qui a eu lieu du 21 au 30 juin 2004 dans différents lieux de la Métropole lilloise : La Maison Folie de Wazemmes (Lille), l'Aéronef (Lille), le Fresnoy (Tourcoing), le Grand Bleu (Lille), etc.

Plus qu'un festival, ces Latitudes Contemporaines se veulent comme un lieu de rencontres et d'échanges. Nous souhaitons que des passerelles se dessinent entre les artistes et le public et entre les artistes eux-mêmes jouant ainsi un rôle de stimulateur non seulement pour les artistes mais aussi pour une région car la présence d'artistes dans un territoire permet d'œuvrer durablement au travers de multiples visions du monde qui sont autant de possibles garantissant la capacité de penser, d'émouvoir, de s'exprimer librement et de susciter le dialogue au service de la liberté transcendée par l'acte de création.

Le Festival à l'esprit d'ouverture et transdisciplinaire, s'efforce à montrer les nouvelles émergences de la chorégraphie contemporaine et nous donne à voir des artistes les plus novateurs sur le plan international

Radio Campus 1066 Fm est partenaire du Festival


Cette page reflète ce qu'il nous a été possible de réaliser durant ce moment intense.

Nous excusons auprès des artistes n'ayant pas pu faire l'objet d'une trace sonore ou visuelle.

 

Vous pourrez découvrir :

- João Fiadeiro, Compagnie RE.AL (Portugal)

I'm here

- Heine Røsdal Avdal, Compagnie Deep Blue (Norvège)

Closer

- Isabelle Schad, Compagnie Isabelle Schad (Allemagne)

The better you look, the more you see

- David Flahaut, Compagnie Gutta Percha (France)

O4O'

- Monica Valenciano, Compagnie El Bailadero (Espagne)

Disparate n°6, 22 visions

- Boris Charmatz, Association Edna (France)

Héâtre-Elevision

- Laurence Yadi et Nicolas Cantillon, Compagnie 72 73 (Suisse)

La vision du lapin

- Pierre Rigal, Compagnie Dernière Minute (France)

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- Colloque " De danse et d'écritures "

 

- Workshop d'Isabelle Schad

 

L'objectif du Festival

Le Festival Latitudes Contemporaines, dédié à la jeune création chorégraphique a pour objectif de devenir un rendez-vous de la danse contemporaine incontournable en Europe.

Nous souhaitons par ce Festival sensibiliser les publics à la danse contemporaine, et donc leur donner les moyens de la comprendre et ce par, outre les spectacles proposés, des workshops, des débats, des colloques et des rencontres entre artistes et publics.

Ce Festival a également la volonté d'être un endroit de réponses aux questionnements des nouvelles démarches artistiques en restant un lieu ouvert, de liberté, un territoire d'expérimentation où la recherche peut prendre le chemin de l'innovation évitant ainsi un processus d'introspection réitérée ne menant nul part ou qui ne ferait que reproduire des esthétiques apparaissant comme obsolètes.

Maria Carmela Mini

Maria Carmela Mini est totalement insérée dans le milieu de la danse contemporaine et le réseau international de ce qui est convenu d'appeler les nouvelles émergences grâce aux rapports privilégiés qu'elle entretient avec les artistes. En effet, la relation entre artistes et programmateurs ne se limite pas à la programmation. Maria Carmela Mini présente " la programmation [comme] un outils supplémentaire, c'est une démarche qui n'est pas une fin en soi ", c'est ainsi qu'elle va voir et suivre certains spectacles afin d'apporter une critique constructive aux artistes et les mettre en relation avec différents réseaux professionnels (artistes, programmateurs, journalistes, etc.) et les publics. Maria Carmela Mini définit la culture comme une expression artistique qui offre des espaces de réflexion, de tolérance, de créativité et non comme marchandise. C'est donc une démarche d'accompagnement sur la durée qu'elle a privilégié avec l'artiste en allant voir plusieurs pièces afin d'identifier son évolution et toute sa création.

L'Intitulé : Latitudes Contemporaines

Latitude : (définition du dictionnaire Le Robert) : Faculté, pouvoir d'agir en toute liberté. Avoir toute latitude (de pouvoir faire qqch.). Vous avez toute latitude de refuser. Donner, laisser toute latitude à quelqu'un (pour faire qqch.). Facilité, liberté.

Concernant le mot contemporain, la tentative de la directrice artistique est de rester en adéquation avec son temps et peut-être par ses responsabilités, de le devancer, ou au minimum de l'anticiper. C'est pourquoi, il est important que ce festival soit la vitrine de la nouvelle génération d'artistes et ceux en devenir.

Cet intitulé Latitudes Contemporaines donne une vision univoque des choses, il globalise en lui les problématiques et les questionnements des artistes aujourd'hui : le décloisonnement entre les arts, la recherche d'un autre rapport à l'espace, la recherche d'un rapport différent aux spectateurs et à la représentation.

Le Festival Latitudes Contemporaines et Lille2004

Le Festival Latitudes Contemporaines est labellisé Lille2004. Il occupera notamment la Maison Folie de Wazemmes

 

Le programme

 

João FIADEIRO - Cie RE.AL

I am here

I'm Here, inspiré de l'œuvre d'Helena Almeida

" On regarde le corps et le corps se termine soudain, dans les pieds, dans les mains. Il finit là. Il ne va pas plus loin, on dirait une falaise qui tombe à pic dans la mer. Soudain, il se termine "

Helena Almeida

"Habiter". Entrer dans une maison (ou dans un corps, ou dans un son, ou dans une pensée...), me mélanger, me diluer, me camoufler, comme si j'y avais toujours été, comme si je n'en étais jamais sorti - est l'unique raison pour laquelle il vaut la peine de voyager. […] Cette fois, la maison qui va m'accueillir sera l'imaginaire d'Hélène Almeida, une artiste avec laquelle je partage le désir de rester à la limite du visible et d'espionner la réalité de biais, comme si je n'étais pas moi. […] "

João Fiadeiro

" Dans "I Am Here", il n'y a pas de jeu avec la localisation ou la représentation du corps mais avec les formes matérielles qu'il produit par l'intermédiaire de la photographie, du dessin et de la lumière. En mettant en scène la finitude du corps morphologique, prisonnier de ses limites dans l'espace de la réalité, João Fiadeiro souligne l'émergence du corps du travail, comme si entre la vie (la présence) et la mort (l'absence) il n'existait ni histoire ni drame ni tension seulement des contours qui se croisent, s'entremêlent et se défont dans le vide tout en créant… une œuvre, c'est-à-dire la réalité d'être là. "

Rui Catalão

João Fiadeiro

Après avoir mené une formation spécifique en danse classique et moderne entre Lisbonne et New York, il découvre le travail des pionniers du mouvement post-moderniste américain, comme Trisha Brown, Steve Paxton ou David Gordon, qui l'influencent profondément. Peu après deux autres découvertes viennent marquées son parcours en tant qu'interprète puis chorégraphe, le travail du chorégraphe belge Wim Vandekeybus puis la technique de "contact-improvisation" enseignée par Dieter Heitkamp et Howard Sonnenklar à Berlin.

Il débute son activité chorégraphique en 1989 et fonde la compagnie RE.AL l'année suivante. Depuis lors, il a créé 18 spectacles sans compter de nombreux projets performatifs à l'exemple de " The End of a Love Affair " créé en 2003 en collaboration avec le cinéaste portugais Pedro Costa.

Depuis 1995, il travaille à la création d'une méthodologie qui associe les notions de composition chorégraphique et d'improvisation. Cette méthodologie, à laquelle il a donné le nom de " Composition en Temps Réel ", constitue le fondement de sa recherche chorégraphique. Elle est la matrice qui alimente ses spectacles à l'image de Existência (2002), spectacle entièrement créé en temps réel sous les yeux des spectateurs ou des soli Self(ish)-Portrait (1995), I am sitting in a room different from the one you are in now (1997) et I am Here (2003).

 

Heine R. AVDAL et Yukiko SHINOZAKI - Cie Deep Blue

Closer

Dans Closer, le public est invité à explorer un espace apparaissant aussi intime qu'intimidant. Les danseurs semblent très proches mais appartiennent à une autre réalité. L'angle de vue que choisissent les spectateurs détermine ce qu'ils voient et de quelle façon ils le voient. Au travers d'écouteurs, vous êtes plongés dans un environnement synthétique en résonance avec des organismes audio qui naissent, mutent et s'éteignent. Ce monde dans lequel évoluent les performers est une sorte d'antichambre entre veille et éveil, vie et mort, marche et arrêt. Closer vous plonge ainsi dans un espace où de subtiles tensions et de micros mouvements peuvent impliquer des conséquences capitales.

Le point de départ de cette production est inscrit dans notre propre microcosme : le corps génétique. Un plongeon au cœur de la chair organique, aussi artificiel et inconfortable que cela puisse paraître. Comme si c'était une construction d'un langage conçu par les autres. Dans Closer, le corps des danseurs se développe comme des formes vivantes expérimentales dans un laboratoire, un monde à mi chemin de l'organique et du mécanique, de l'humain et du non humain, du perceptible et de l'imperceptible. Reste à la fin cette impression de s'être immiscer dans un monde en présence d'une corpo réalité mais qui n'a jusqu'à présent jamais été expérimentée.

Heine Røsdal Avdal

Après avoir étudié à Norwegian Statens Balletthøgskole et au P.A.R.T.S. et avoir été interprète de nombreuses compagnie en Norvège dont Imago Dance Theatre, Oslo Danseensemble, Meen Danser, etc., Heine Røsdal Avdal rejoint en 1997 la Compagnie Damaged Goods de Meg Stuart et participe aux créations de Splayed Mind Out, Appetite and Highway 101. Il chorégraphie de nombreux soli et duos et créé en 2001 avec Yukiko Shinozaki Cast Off Skin qui a été diffusé en Norvège, en Belgique, en Roumanie, au Luxembourg et dernièrement à Valenciennes.

Yukiko Shinozaki

Après avoir étudié pendant douze ans la danse classique à Tokyo, elle part en 1988 aux Etats-Unis où elle étudie la modern dance à l'Université de l'Etat de Portland dans l'Orégon et obtient un diplôme en psychologie. En 1992, elle s'installe à New York et travaille avec plusieurs chorégraphes dont Donna Uchizono, Mia Lawrence, Apostolia Papadamaki, etc. et présente ses propres pièces au Dixon Place, Judson Church et au studio de danse de Cunningham. En 1997, elle emménage en Belgique pour travailler avec Meg Stuart sur les créations Splayed Mind Out, Appetite et Highway 101, et devient assistante de Meg Stuart pour la pièce Remote. Elle crée en 2001 avec Heine Røsdal Avdal Cast Off Skin.

Christoph De Boeck

Ancien étudiant de Littérature et de Théâtre à l'Université d'Anvers (Belgique), Christoph De Boeck écrit pour de nombreux magazines. Actuellement, il travaille sur différents projets de performances comme concepteur sonore et parallèlement poursuit une recherche sur la dramaturgie sonore présente dans les performances à l'Université d'Anvers.

 

Isabelle SCHAD

photo Bruno Pocheron (c)

The Better You Look, The More You See

TBYL TMYS est une tentative de rendre des processus perceptibles plus que de fabriquer un produit fini. Il ne s'agit pas ici de proposer une chorégraphie fixe ni une improvisation libre, mais plutôt de convoquer sur scène des éléments faisant partie d'une base de données constituée de séquences de mouvement, d'images, de sons, de textes et de les organiser, de les combiner, de les juxtaposer dans un cadre dramaturgique et scénique.

TBYL TMYS met en évidence deux concepts : le mouvement et les images.

Le travail du mouvement est basé notamment sur l'observation, l'isolation, la transmission et la reproduction de motifs venant de situations quotidiennes ou privées.

L'attitude performative s'appuie sur de constants allers et retours entre corps pensant et corps représenté :

- le corps quotidien, de chair et d'os mais aussi corps pensant, ses postures de base (debout, assis, couché et les intermédiaires possibles), ses capacités de mouvement, ses articulations, ses décisions. Le travail sur les décisions corporelles est connecté à un esprit en perpétuelle activité, idée d'un corps pensant comme un espace ou les pensées peuvent devenir visible.

- Le corps représenté, le corps comme icône, image, symbole idéal de notre société (culte du corps, culte de la beauté, pornographie, etc.), le corps exposé, le corps objet.

Dans l'idée de composition en tant réel, avec des prises de décisions et des réactions instantanées, les performeurs sont en permanence dans un état de très grande attention et conscience de leur corps, utilisant les accidents, les coïncidences, les erreurs et les imperfections au moment où ils se produisent, connectés à l'instant, dans la réalité du moment, travaillant en temps réel à l'image qu'ils projettent.

Le travail des images est basé sur la représentation du corps dans les mass média avec un intérêt particulier porté aux champs imbriqués de la mode, de la pornographie, des vidéos musicales, de la vidéosurveillance et de la téléréalité.

Isabelle Schad

Après avoir étudié la danse classique pendant dix ans et après avoir été interprète au sein de plusieurs compagnies de ballet classique, elle intègre en 1996 et pendant deux ans la compagnie Ultima Vez de Wim Vandekeybus. Depuis 1999, Isabelle SCHAD travaille comme artiste et interprète indépendante, chorégraphe et coordinatrice de projets multidisciplinaires. Par des perspectives plurielles, les plus récentes productions d'Isabelle SCHAD abordent des questions telles que la représentation, l'identification, la communication et les langages du corps. C'est le cas pour les œuvres This is just to do (2000/01) créé en collaboration avec le musicien portugais Adriana Sa, SwitchPositionFreezeControl (2001) et The Better You Look The More You See (2002/03) créé en collaboration avec Bruno Pocheron. En 2002, Elle rencontre Benoît Lachambre à l'occasion du Festival Tanz made in Berlin et chacun après avoir vu la performance de l'autre, désire collaborer ensemble.

 

David FLAHAUT - Cie Gutta Percha

O4O'

O4O' aborde avec gravité violence et humour les questions de l'Intime, de notre rapport aux autres, de notre propre regard sur les autres autant que celui que les autres posent sur nous, de certains rituels privés qui nous lient aux objets...

" O4O', comme son nom le laisse supposer, sera une pièce ronde. La bouche, autre rondeur, organe orificiel de jouissance dans son rapport aux objets, tous hallucinés, est l'un des cercles concentriques de l'intime. Autre cercle et autre intime, intime ultime, celui de la mort, non vaincu mais vécu, comme une fiction dépassant le sujet sans autre support que celui de l'automatisation et l'organisation d'un rituel autour d'un corps que je ne connais plus par moi-même : intime de substitution. […] O4O', comme l'Etre de la séparation, là où nous entretenons notre lien avec la perte. "

David Flahaut

David Flahaut

David Flahaut est d'abord formé à la technique classique au PAVLOVA BALLET de Bruxelles puis entame des études de Philosophie à l'Université de LILLE III. Il aborde ensuite la médecine, en considérant la connaissance de celle-ci comme l'application scientifique d'une philosophie humaniste. C'est au cours de ses études qu'il crée, en 1994, la Cie Gutta Percha avec laquelle il développe durant ces dix années, des projets de groupes : Ex Abrupto, Ex Nihilo (1997), Aérobie Stricte, Anaérobie Stricte (1998), etc. et plusieurs soli : Incipit (2000), Presque Eve (2002), etc.

Au fil de ses créations, il développe par ses recherches chorégraphiques une écriture personnelle rigoureuse où se mêlent violence, gravité profonde et humour acide jubilatoire. C'est de cette danse qu'il fait naître un univers souvent ambigu et hypnotique.

Chacune de ses performances, radicale, invite le spectateur à faire l'expérience d'un voyage aux côtés de personnages en marge, aux bords de la (presque) folie.

Patricio Ocampos

Dès 1997, Patricio Ocampos expose des installations vidéo portant sur son enfance en Amérique latine un regard introspectif poétique. Ses principaux axes de recherche sont aujourd'hui l'intimité, le couple, la vie quotidienne. En 1998, il obtient un Diplôme National Supérieur d'Expression Plastique puis assure dès l'an 2000, les fonctions de Médiateur Multimédia à la Station HEURE EXQUISE ! de Mons en Baroeul (Nord).

 

Monica VALENCIANO - Cie El Bailadero

photo Rafael Mejras (c)

Disparate n°6, 22 visions

L'idée des disparates surgit d'un espace nocturne, pressenti et somnambule et de la rencontre fortuite avec Goya, donnant naissance à un temps de réflexion qui débouche sur le processus de la série les " Disparates ". Cette série a commencé en 1998 avec Disparate n°1, hueso de Santo (" Os de saint " : friandise typique de la semaine sainte), créé sur une commande du Festival Madrid en Danza pour les rencontres " A pedir de boca ". Postérieurement ont suivi les disparates n°2 Cuerpo presente (corps présent), n°3 rio (fleuve), n°4 tranparencias (transparences) et n°5 cinco misterios (cinq mystères).

" Disparate : dire ou faire quelque chose contre toute raison ou règle. Contraire à la raison : dérangement, désordre".

Quant aux 22 visions, elles permettent un jeu de relations et de permutations en constante transformation donnant lieu à toutes sortes de photographies ou de constructions instantanées. La vision habite dans l'espace " entre " deux actions, " entre " deux scènes, " entre " deux mouvements, " entre " deux individus, " entre " deux sons.

Disparate n°6, visions 22 a été présenté pour la première fois au Festival " Madrid en Danza ", en avril 2003, au Théâtre de l'Usine de Genève, au Festival de Escena Contemporanea à Madrid, à l'Espai de Barcelone.

Monica Valenciano

Après des études de danse classique contemporaine et de théâtre à l'Instituto del teatro de Barcelone et à la RESAD de Madrid, après une formation complète dans plusieurs disciplines (Yoga Iyengar, Contact Improvisation, Boxe, Tir à l'arc), Monica Valenciano développe son travail de création chorégraphique en réalisant : Aúpa, puntos suspensivos, miniaturas, peso gallo. Elle crée la compagnie El Bailadero avec qui elle présente Adivina en plata et la série des Disparates. Une rétrospective de son travail a eu lieu lors du festival Desviaciones à Madrid. Elle crée, avec les chorégraphes Ana Buitrago et Olga Mesa le groupe de recherche La Inesperada.

 

Boris CHARMATZ - Association Edna

Héâtre-Élévision

Une installation chorégraphique ou un spectacle (un pseudo-spectacle) à voir et à entendre par un spectateur seul. Cette pièce chorégraphique qui est réduite à un film présenté dans un téléviseur au sein d'une installation, offre une expérience totalement nouvelle de la représentation.

" Nous entendons ici venir désœuvrés, soutenus seulement par une danse qui ne s'arrête pas à son incarnation. Une danse qui ne remplit pas automatiquement l'espace mais qui résonne de plus en plus clairement avec les champs politiques, sémantiques et sociaux, une danse qui sait bien que les schémas, les normes, les relations de pouvoir sont déjà là en le corps, et qui n'en pense pas moins. Une danse enfin, déjà bien insaisissable, mais qui risque de paraître là totalement étrange(re ?).

Autant dire, en préjugeant absolument du résultat, qu'il s'agira bien de théâtre et de télévision, contre toute attente, et au-delà de l'apparent canular : de nos jours, la danse étend sa boue jusque-là, sans effort, et sans perdre l'âme qu'elle a depuis un certain temps abandonnée au profit de concepts autrement plus articulés de langage. Ici, du théâtre en son drame de corps absenté que l'on ranime par simulacre. Ici, de la télé - vision, pouvoir délégué à des danseurs à distance dont l'influence n'est pas directe (au contact entraînant des masses à la danse) mais hypnotique. Quel désir masochiste trouve à danser dans ces espaces si confinés ? "

Boris Charmatz

Boris Charmatz

Après avoir été formé à l'Ecole de Danse de l'Opéra de Paris puis au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon, Boris Charmatz a travaillé comme interprète pour Régine Chopinot et la Compagnie Contrejour, il participe à la création K de E d'Olivia Grandville et Xavier Marchand. En 1992, il fonde avec Dimitri Chamblas l'association Edna où il coordonne une série de travaux et écrit et interprète plusieurs créations dont le pseudo-spectacle héâtre-élévision (2002). Depuis 2002, il est en résidence de recherche et de création au Centre National de la Danse et développe ainsi le projet BOCAL, école nomade et provisoire (ou plutôt, groupe en recherche animé par une idée d'école à creuser). Il vient de cosigner un livre avec Isabelle Launay : Entretenir / à propos d'une danse contemporaine.

 

Laurence YADI et Nicolas CANTILLON - Cie 7273

photo Michel Cavalva (c)

La vision du lapin

" On cherchera ici la duveteuse silhouette chère à notre imaginaire enfantin et à nos papilles averties. C'est à un spectacle " sans animaux " que nous convie la compagnie 7273. Rien d'anthropomorphique dans cette vision ; ce Jeannot là s'apparenterait plutôt à un présupposé, prétexte à la formulation d'un point de vue sur la danse. Figurons-nous ce lapin comme un procédé rhétorique qui définit un enjeu : le lapin de laboratoire est le support d'une expérience qui vise à produire un résultat. Il garantit la possibilité de la trouvaille, il en est le passage obligé. Et il accomplit ainsi son ambitieux destin en payant le prix fort. Car, dans une scène désopilante, véritable déclaration d'intentions par ailleurs, Nicolas Cantillon affirme cette nécessité d'un " prix à payer " pour qu'un peu de beauté advienne ; accidents, pannes, ratages, courts-circuits deviennent le lexique de la grâce. Entendez ce mot sans grandiloquence, ni fadeur mais comme une tension s'accommodant de demeurer irrésolue : " Etre moderne, c'est savoir ce qui n'est pas possible " (Roland Barthes). "

Graziella Jouan

Laurence Yadi

Laurence Yadi a été formée au Centre Alvin Ailey à New York. En rentrant des Etats-Unis, elle obtient un contrat de quatre ans avec le Ballet J.Art où elle dansera les pièces de Robert North, Raza Hammadi et Matt Mattox. Elle remporte en 1997 un premier prix au concours Synodal. Puis en 1999, elle part danser en Allemagne pour Karen Effenberger, Vera Sander et Guilherme Bothelo en Suisse. A partir de l'année 2000, elle se lance dans la création : elle est assistante chorégraphique de Rui Horta. Elle collabore à l'installation 2004 Drift de Juliao Sarmento.

Nicolas Cantillon

Nicolas Cantillon débute sa formation de danse au conservatoire Marius Petipa puis fut engagé pour huit ans par les Ballets J.Art de Paris où il fut interprète de Robert North, Raza Hammadi et Matt Mattox. Il remporte un premier prix au concours Volinine en 1993 puis au concours Synodal en 1997. Il est engagé pour la Flûte enchantée de Bob Wilson à l'Opéra Bastille en 1999. A partir de 1999, il se lance dans la création : il co-chorégraphie le spectacle du temps avec Guiherme Bothelo et en 2000, il crée la scénographie de la Compagnie l'AM dirigée par Marc Berthon, il collabore à l'installation 2004 Drift de Juliao Sarmento. Laurence Yadi et Nicolas Cantillon créent en 2000 la compagnie 7273 et ont déjà signé douze créations.

Polar

Eric Linder (Alias Polar) est passionné par la musique, dès son adolescence il joue dans les couloirs du Lycée et se met à tourner avec des groupes dont le dernier en date est Peeping Tom. En 1996, il enregistre son premier album Polar 1, qui est une sorte de thérapie, s'ensuit Bipolar, une collection de chansons folk. En 2002, il publie la suite de ses aventures discographiques.

Daniel Demont

Autodidacte, il est reconnu dans le monde de la danse contemporaine pour la singularité de ses créations lumières. Il travaille aujourd'hui avec Gilles Jobin, La Ribot, Estelle Heritier, Yann Marusich, João Fiadeiro et tant d'autres.

 

Pierre RIGAL - Cie Dernière Minute

Erection

érection : n f (lat. erectio). Litt. Action d'élever, de construire : l'érection d'une statue. || Litt. Institution, établissement : l'érection d'un tribunal. || Physiol. Etat de gonflement de certains tissus organiques, de certains organes, en particulier le pénis, en état de turgescence.

" Un homme, étendu au sol, va raconter la longue histoire de son passage de la position couchée à la position debout.

L'Homme-animal.

A travers ce mouvement progressif qui mène de la position horizontale à la position verticale, c'est l'histoire de l'évolution des espèces qui semble être soulevée. Batracien, quadrupède, puis bipède, l'homme se dresse enfin. Le geste du danseur subit les contraintes organiques dictées par la nécessité darwinienne de s'élever. Non sans hésitation ni difficulté. Le danseur analyse au fur et à mesure les voies qu'il doit emprunter pour s'ériger. Il découvre les limites ou les progrès de ses capacités musculaires et osseuses, il contourne les problèmes d'équilibre et de coordination. Et c'est en sujet vivant qu'il parviendra peut-être à se dresser.

L'Homme-individu.

Parallèlement, le chemin qu'emprunte le danseur vers la position verticale s'apparente à une expérience condensée de la vie d'un individu (et en l'occurrence d'un individu masculin). Marche à quatre pattes du bébé, premiers pas d'un petit garçon, course d'un adolescent, marche d'un adulte ; autant d'états et de mouvements qui traversent ce parcours d'élévation. Même si le fantasme d'une courbe de croissance uniforme et constante n'est qu'illusion, les grandes étapes de la vie se dessinent tout de même. A chaque palier franchi avec lenteur, avec force, avec facilité ou avec faiblesse... les questions se posent avec de plus en plus de précision : qu'est-ce que devenir un homme ? Qu'est-ce que la virilité ?

L'Homme-social.

S'il doit s'élever, l'individu le fait sous la surveillance des regards. Devoir d'ascension sociale, devoir de respectabilité, devoir de force, devoir de performance sexuelle. Devenir un homme impose des obligations. Et ces obligations provoquent peut-être des contradictions, des souffrances ou des folies.

Et puis s'élever, s'ériger, se dresser, c'est aussi par extension de langage, s'opposer, se révolter, combattre. Avec ou sans succès. Le geste de l'élévation appartient au danseur mais aussi au groupe dont ce dernier est le membre. "

Pierre Rigal

Pierre Rigal

Réalisateur et danseur, Pierre Rigal est diplômé d'un DEA Cinéma de l'Ecole Supérieure d'Audiovisuel de Toulouse et s'est formé aux diverses techniques de la danse contemporaine à travers de nombreuses expériences avec des chorégraphes tels que Bernardo Montet, Wim Vandekeybus, Nacera Belaza, Boris Charmatz, etc.

En 2002, il devient interprète de la Compagnie de Gilles Jobin pour Under Construction et The Moebius Strip.

Pierre Rigal, après s'être lancé dans la réalisation de vidéos, commence la création chorégraphique avec sa première pièce Erection, créée le 21 novembre 2003 au Théâtre National de Toulouse.

 

Renseignements Pratiques 2004

Coordonnées pour le Festival
28 rue des archives
3ème étage de la Halle aux Sucres
59000 Lille
T/F : 00 (33)3 20 12 04 60
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